Notre démarche pédagogique

Sexe-que-c'est ? est une pièce de théâtre à vocation pédagogique traitant des problématiques de genres et de sexualités.

Éli, professeur·e non-binaire, vient d'Openland dans le cadre d'un échange culturel pour assurer un cours d'SVT. Son regard naïf, mais bienveillant et pédagogue, va entrer en collision avec les points de vue et les interrogations des trois personnages d'élèves. L'Openland apparaît alors comme une utopie qui représente un point de comparaison pour questionner nos conceptions du genre et de la sexualité, ainsi que les stéréotypes qui les imprègnent.

Le spectacle aborde donc la question du genre à proprement parler et de la non-binarité, la question de la masturbation, de la virginité, du consentement, mais aussi de la masculinité etc. Autant de sujets qui pourront être développées dans le débat qui suit la représentation. Cette forme nous permet aussi de montrer des points de vue variés sur ces problématiques, afin que les spectateurs puissent se forger leur propre opinion ; nous voulons éviter de tomber dans un discours moralisateur !

Sexe-que-c'est ? propose donc une alternative aux cours d'éducation sexuelle qui ne prennent pas en compte la question du genre. Or, les genres et les sexualités sont des sujets particulièrement liés, que nous souhaitons aborder par le prisme de l'écoute et du rire !

Le dossier pédagogique

Afin de faciliter l'appropriation du spectacle par les élèves, nous proposons dans ce dossier des pistes de réflexion et des activités à réaliser en classe avant d'assister au spectacle, des indications concernant le débat qui suit la représentation, ainsi que des pistes pédagogiques liées à différents cours et des ressources graphiques utilisées - ou non - pendant le spectacle.

Pistes pédagogiques

SVT : L'intersexuation

Selon l'ONU, les personnes intersexes « naissent avec des caractères sexuels qui ne correspondent pas aux définitions traditionnelles du sexe masculin ou du sexe féminin. »
Ces variations peuvent se trouver au niveau chromosomique, gonadique, anatomique ou hormonal. Elles peuvent d'ailleurs seulement se manifester à la puberté.
Nous vous invitons à consulter la brochure en libre accès Sexesss réalisée dans le cadre du projet Sciences, sexes, identités de l'Université de Genève :

Cette brochure explique de façon ludique et pédagogique l'intersexuation à ses différents niveaux et degrés. Vous y trouverez également de nombreux supports graphiques.

Français / Littérature : l'Openland, entre utopie et dystopie ?

Le personnage d'Éli, professeur·e non-binaire, arrive d'Openland, un pays utopique où les stéréotypes de genre et les oppressions qui y sont liées semblent avoir complètement disparu. En Openland, les mots virginité ou virilité n'existent pas. Le mensonge n'y existe pas non plus, et la notion de consentement est apprise et acquise par toutes et tous les habitant·e·s.

Les jeunes d'Openland effectuent à 16 ans leur rite du nom et choisissent ainsi leur genre, changent de nom s'ils le veulent, effectuent des opérations physiques s'iels en ressentent le besoin. Iels deviennent alors actrices et acteurs de leur identité.

Après avoir rappelé ces informations sur l'Openland aux élèves, vous pouvez les amener à montrer en quoi ce pays fictif correspond aux notions d'utopie et de dystopie.
N'hésitez pas à insister sur le rite du nom, son aspect systématique (pour toutes et tous à 16 ans). Est-il vraiment pertinent ? Qu'en est-il de l'âge choisi, 16 ans ?

Peut-on normer, légiférer sur des notions qui touchent à l'identité, et notamment à l'identité de genre ?

Vous pouvez également faire réfléchir les élèves sur les notions d'utopie et de dystopie :
• L'Openland représente-t-il un avenir proche ?
• Pensez-vous que le rite du nom soit quelque chose que l'on pourrait instaurer dans notre société telle qu'elle est actuellement ?
• Quelles solutions pensez-vous que nous puissions mettre en place pour arriver à réduire les pressions et les discriminations liées aux questions de genres et de sexualités ?

L'Openland peut être utilisé comme exemple et comme contre-exemple durant le débat, il en est en tous cas le point de départ, mais le but est de s'en éloigner le plus possible afin de guider la réflexion vers la situation de notre société actuelle.

EMC : lutter contre les discriminations

Avec Sexe-que-c'est ?, nous tentons de dénoncer certains stéréotypes, certaines discriminations liées aux genres et aux sexualités. Nous vous proposons d'examiner la tirade de Momo puis celle d'Oriane à propos de la virginité, et de travailler avec les élèves sur les pressions qui y sont liées lorsque l'on est une fille et lorsque l'on est un garçon.

MOMO : Mais Éli, il faut tout vous expliquer ! Être puceau, ça craint, ça veut dire que personne ne veut de toi, que t'es en retard parce que tout le monde l'a fait. T'es un boloss, c'est tout. En plus, pour un mec, ça craint encore plus parce qu'on est sensés avoir l'expérience tu vois, mener le truc.
Mais, prenons un exemple : Oriane. Oriane, elle ne l'a jamais fait avec personne, elle fait genre qu'elle connaît pleins de trucs là avec ses grandes explications, mais elle y connaît rien. Personne n'a jamais voulu la baiser, c'est tout. Mais du coup elle est un peu à part tu vois, elle peut pas partager les conversations qu'on a, ni donner son avis puisqu'elle est vierge. Ok, elle a sauté une classe, ok elle a un an de moins que nous, mais à 16 ans ça craint quand même : elle est encore vierge. C'est pas une vraie femme, c'est encore une enfant quoi. Bref, être vierge ça veut dire tout ça, Éli.

ORIANE : Ok, je suis peut-être encore vierge comme tu l'entends, c'est-à-dire que, oui, aucun pénis n'est entré dans mon vagin, mais figure-toi que je m'en porte pas plus mal ! C'est pas pour autant que je n'ai pas de vie sexuelle ! Mais surtout Momo ça ne te regarde pas. Puis ensuite, pourquoi on est toujours « encore » vierge ? Comme si on était toujours en retard. Comme si on faisait encore pipi au lit... Qui a décidé qu'à partir d'un moment c'était plus normal d'être vierge ? Qui a décidé ? C'est toi Momo, c'est toi qui as décidé à ma place ? À la place de tout le monde ? Ben Momo, tu sais quoi, personne n'a le droit de décider à ma place ! Et puis, qu'est-ce que ça change de savoir que je suis vierge ou pas ? Ça fait de moi quelqu'un de moins intelligent ? De moins intéressant ? ON S'EN TAPE MOMO ! C'est ouf ça quand même, on dirait que parce que je suis « encore » vierge à 16 ans je vais finir ma vie seule avec des chats : non mais STOP ! Et puis au pire si je finis seule avec des chats c'est que je l'aurais choisi, et encore une fois ça te regarde pas. Puis de toute façon il vaut peut-être mieux passer sa vie avec des chats plutôt qu'avec un homme : les chats sont indépendants au moins !

Philosophie : mensonge et consentement

L'Openland, où le mensonge est inexistant, serait le pays idéal pour Kant. Ce dernier juge le mensonge détestable dans tous les cas et récuse le mensonge par humanité, c'est-à-dire le mensonge formulé pour épargner une vérité trop dure à entendre ou pour préserver une personne.
Le mensonge dans le cadre d'une relation sexuelle a un impact important, en ce qu'il peut être le moyen de provoquer un acte sexuel.
Nous pouvons donc nous demander où commence le consentement. Est-ce accepter d'avoir une relation sexuelle avec une personne à un instant T, ou est-ce accepter d'avoir une relation sexuelle avec une personne à un instant T et selon certaines conditions ?
Par exemple, une personne accepte d'avoir un rapport sexuel avec une autre car elle pense être dans une relation de confiance et s'attend à ce qu'une relation durable s'installe entre elles. Néanmoins, son ou sa partenaire n'est pas dans cet état d'esprit et ne compte pas rester en relation avec la personne en question.
Dans cette situation, le consentement a-t-il été véritablement respecté, sachant que la personne n'aurait peut-être pas accepté le rapport si elle avait su qu'il ne s'inscrirait pas dans une relation durable ?
Ainsi, le consentement pose des questions tant morales que légales, puisque le viol est défini comme « tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu'il soit, commis sur la personne d'autrui ou sur la personne de l'auteur par violence, contrainte, menace ou surprise. »
(source : legifrance.gouv.fr)

Afin d'illustrer nos propos sur le consentement, nous vous conseillons de regarder ou de montrer à vos élèves la fameuse vidéo qui compare un rapport sexuel à une tasse de thé ; elle est en anglais mais vous trouverez ici la version sous-titrée française :

Ressources graphiques

Nous vous proposons enfin de retrouver les schémas utilisés durant le spectacle, des représentations des continuums des genres et des sexes, ainsi qu'un aperçu numérique du Parchemin des pronoms présenté par le personnage d'Éli au cours de la représentation.

Ce dernier a été réalisé à partir du contenu proposé sur le blog Genre !.

Attention, l'intégralité des visuels présents sur cette page a été réalisée par la compagnie Mauvais Genre.
Merci de nous citer impérativement si vous comptez réutiliser ces documents.

Pour en savoir plus sur Sexe-que-c'est ?, le texte, les personnages :

Pour en savoir plus sur notre démarche artistique :

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